La Charger va vous prendre en charge rapidement que vous soyez un pilote débutant ou intermédiaire.


Texte : Patrice Beffrey

La société Mac Para a été fondée en 1991 par Petr Recek, ingénieur en mécanique des fluides, qui en est toujours le concepteur et patron. C’est l’une des plus anciennes marques de parapente, et elle n’a jamais connu de rachat, faillite ou autre péripétie. L’entreprise est basée à Roznov en République Tchèque tout comme la principale unité de production d’une capacité de 1400 ailes par an, le reste est sous-traité.
Longtemps présente en compétition parapente et auréolé de podiums en coupe du monde, la marque s’en est retirée en 2011 après le championnat de Piedrahita en Espagne. Mais la performance est restée dans l’ADN de Mac Para, et elle se retrouve encore aujourd’hui dans toute la gamme.

L’aile

Le sac de portage a une capacité de 140 litres avec une grande poche sur le dessus, deux poignées pour l’attraper par le dessus et aussi latéralement, et six sangles internes de compression pour bien maintenir la voile. Sortie du sac et dépliée, le « M » noir de Mac Para marque le centre de l’intrados blanc. Les couleurs, vert, blanc et bleu du modèle « lime » sont très jolies et donnent une impression de légèreté. Deux autres coloris sont disponibles, « blue » (photo d’ouverture) et « orange », ainsi que la possibilité de personnaliser les couleurs de son aile. Nous avons testé la Charger 23 d’une surface à plat équivalente dont la plage de poids total volant est de 93- 120 kg. Notre charge alaire est de 4,9 kg/m2.
L’aile est composée de 46 cellules dont 40 ouvertes qui décroissent en taille au fur et à mesure qu’on s’éloigne du centre. Les nez de cloisons sont équipés de joncs en nylon favorisant le gonflage en maintenant les cellules bien ouvertes. La voile est renforcée par de traditionnels étais diagonaux en V et par des bandes transversales au nombre de onze qui sont discontinues sur les rangées des A et B et continues sur les rangées C et D. Les coutures sont vraiment de très bonne qualité. À l’extrémité des plumes, deux ouvertures de cinq centimètres qui ne sont pas fermés par du velcro, peuvent permettre de sortir des débris, mais ont pour principale fonction de créer un filet d’air qui favorisera la mise en forme de la plume lors du gonflage.

Les élévateurs

L’aile est une 4 lignes et les branches des élévateurs ont des repères colorés, rouge pour les A, orange pour les A’, bleu pour les B et gris pour les D. La poignée de frein est agréable à prendre en main grâce à un tube souple interne, c’est un plaisir de les prendre en dragonne. Une petite particularité des poignées de freins est une rallonge bloquée par un velcro qui, une fois détachée, va vous permettre d'avoir une extension de plus de 15 cm pour avoir les mains un peu plus basses lors de longs vols tout en restant toujours en contact avec les freins. Il y a deux poulies de frein, espacées de 13,5 cm pour adapter la hauteur des freins selon votre type d’accrochage, haut ou bas. Ce sont des Ronstan à roulement. Les aimants de poignées sont très performants et tiennent efficacement la poignée en vol.
La sangle des trims est noire et leur débattement est de 9 cm. Les trims sont gradués d’une seule couture blanche, leur maintien est très bon, et leur utilisation est favorisée par une grosse boucle où l’on peut facilement passer deux ou trois doigts pour les refermer.
Les poulies d’accélérateur sont espacées de 10 cm. Les poignées de TST sont de couleurs rouges enveloppées d’un tube de plastique transparent. Elles sont raccordées à un élastique qui permet aux poignées de remonter automatiquement sur l’aimant. La suspente coulisse dans un anneau de friction.

Le suspentage

Les suspentes sont gainées de haut en bas du cône. Elles sont en Edelrid Aramide/Kevlar 6843/7850/7243, pour une résistance de 60 kg pour les suspentes hautes et 340 kg pour les basses. Les suspentes A et A’ sont rouges, les B, C et D jaunes, et celles des freins et des TST rouges.

Mise en œuvre

Le tissu est très soyeux. Le code couleur permet une lecture très rapide du suspentage et des élévateurs. Le tout favorisé par la couleur des renforts sur chaque branche. Le démêlage est très aisé et rapide. Nous accrochons la voile à notre paramoteur et nous apprêtons à décoller.

Gonflage

Nous décollons préférentiellement trims ouverts au repère blanc qui correspond à un tiers du débattement. Trims fermés, l’aile se lève facilement, mais il faut juste accompagner plus longtemps les A. Nous faisons un dos voile car il n’y a pas de vent. Nous n’utilisons pas le moteur volontairement, l’aile monte de manière linéaire et se positionne facilement sans chercher à dépasser. Un vrai jeu d’enfants. Même sans vent, la prise en charge est très rapide. Cette aile estampillée « reflex » est vraiment adaptée pour tout public, car elle ne cherche pas à dépasser et aura tendance à partir à droite ou gauche à la place.

En vol

On ne ressent pas du tout le couple moteur malgré notre puissante motorisation (BullMax de Ciscomotors sur châssis Air Conception). Quel que soit la vitesse, il faut très peu de puissance pour maintenir le palier, on dirait une voile de libre.
Du côté des vitesses, nous relevons 42,7 km/h trimé, 45,6 km/h détrimé et 54,9 km/h détrimé et avec le barreau. Toutes ces vitesses sont corrigées en tenant compte de la température et de l’altitude. Pour une voile de ce type, c’est largement suffisant pour sortir aisément du bocal. Dans toutes les configurations, l’aile reste stable. Même détrimée accélérée, la voile à un comportement très sain, sans roulis ou tangage désagréable. Dans cette dernière configuration, nous utilisons les lignes dédiées des plumes (TST) car nous sommes en présence d’un profil reflex, l’action est aisée vu la grosse taille des poignées.
LA mise en virage est proportionnelle à l’action sur les commandes, vraiment sans surprise, avec une très grande sécurité passive lors des sorties en 360. Ça donne vraiment envie de jouer avec, on en profite pour faire de très grands wingovers qui sont faciles à maîtriser avec la Charger.

Atterrissage

De retour au terrain, le posé est une formalité. Elle ne cherche jamais à nous dépasser et on peut flairer ou stopper net la voile selon la façon dont on préfère atterrir. C’est très accessible pour les pilotes débu- tants et intermédiaires.

Le bilan

La Charger est une voile très agréable, ayant un grand potentiel pour les pi- lotes débutants et intermédiaires. Au dé- collage, elle ne cherche pas à dépasser la pilote et la prise en charge est très ra- pide. En vol, elle a une très grande sé- curité passive. Les tailles 25 et 28 sont certifiée DHV EN B avec une majorité de manoeuvres notées A.

PLUS

> Gonflage de l’aile
> Ne dépasse pas le pilote au décollage
> Virage proportionnel au débattement
> Stabilité dans le domaine de vol

MOINS

> Très grosse poignée de TST
> Débattement faible des trims

Paramoteur+ (38 - déc 2016 - janv 2017)